Qui êtes vous Michel Belletante ?
Racontez-moi votre première rencontre avec le théâtre.
L’été où j’ai obtenu mon baccalauréat, pour rejoindre une amie j'ai participé à mon premier stage théâtre, organisé par gabriel Cousin et avec la participation de toute l'équipe du thé^âtre Partisande G. Lavaudant. Une vraie découverte et un choc vital !
Quelles sont vos influences théâtrales ?
J'ai été principalement influencé par le travail de trois metteurs en scène : tout d’abord, par Georges Lavaudant , ensuite par Bruno Carlucci dont j’ai été l’assistant, ce qui me fascine chez lui, c’est sa réflexion théorique, c’est-à-dire toutes les recherches qu’il fait sur le texte qu’il va mettre en scène ainsi que la manière qu’il a de l’analyser. Pour finir, je suis inspiré par le travail de Nino d’Introna avec qui j’ai collaboré sur de multiples projets comme Vestiaires, et qui m'a appris le sens du rythme et l'aspect musical d'un spectacle.
Quel regard portez-vous sur le théâtre ?
Ces dernières années, beaucoup de spectacles qui sont montés ont tendance à privilégier la forme au détriment du sens et je trouve cela dommage, on finit par se perdre dans celle-ci et le spectacle ne transmet plus aucun message. En outre, nous sommes de plus en plus dans le divertissement. Beaucoup de gens pensent qu’un bon spectacle est un spectacle léger, drôle, coloré. Au contraire, je pense que le théâtre n’est pas là pour divertir son public mais pour les amener à se questionner. Pour conclure, n'étant pas du tout contre la jubilation et le rire, je rappellerai cet axiome de Molière que j'essaie de ne jamais perdre de vue : Instruire en divertissant !
Vous parlez beaucoup de l’importance du sens dans le théâtre, y- a- t-il un message commun à l’ensemble de vos mises en scène ?
La question la plus importante et qui traverse tous mes spectacles c'est : Comment vivre ensemble ? C’est un peu le fil conducteur de toutes mes mises en scène. Dans Tartuffe de Molière, nous avons abordé la question de la religion comme ciment de la société. Dans Couples en (dé)construction, c’était : Comment arrivons-nous à vivre en couple ? Et dans Nous, les héros la question qui se posait était celle de savoir à quelles conditions et comment un groupe social explose, se désagrège (ou pas).
Pourquoi avez-vous créé une compagnie ?
Une compagnie est le meilleur moyen pour un metteur en scène de fidéliser autour de lui des acteurs qu’il apprécie ainsi que des concepteurs. Cela crée aussi une marque de reconnaissance pour les spectacles que l’on crée. Il se trouve que la compagnie Théâtre et compagnie dont je suis le metteur en scène aujourd’hui est un ensemble de rencontres que j’ai pu faire tout au long de ma carrière avec des gens qui m’ont bluffé que ce soit par leurs talents et par leurs idées…
J'ai résolument choisi de "faire équipe". Et tous les spectacles mettent en jeu cette équipe. Ce qui est à la fois extrèmement périlleux, car il y a tant d'individualités dont je me prive, mais extraordinairement riche, car il n'existe plus aujourd'hui de véritable troupes et c'est une vraie chance que de pouvoir fonctionner au quart de seconde près et tous ensemble.
Comment en êtes-vous arrivé à la création de «Théâtre et compagnie » ?
Au début de ma carrière, j’ai tout d’abord monté une compagnie avec L’encre rouge à Bourg-en-Bresse. Ensuite je suis parti sur Lyon où j’ai travaillé comme directeur-adjoint du théâtre des 30. Là bas, j’ai effectué deux mises en scène dont La chute de Camus en 1983 et j’ai été l’assistant de multiples metteurs en scène comme Carlucci.
Venant de Grenoble, j’ai souhaité y retourner et il se trouve qu'en 1991, l’Amphithéâtre de Pont-de-Claix m’a proposé de m’occuper de la partie théâtre de l’Amphithéâtre qui était à la base une annexe de la Mjc, ce que j’ai fait avec la compagnie en assurant la direction du théâtre en 1996. Depuis cette date la compagnie a toujours été associée à l'Amphithéâtre. Lorsque nous avons "été"renvoyés, j'ai décidé malgré tout de reprendre l'activité avec toute l'équipe artistique qui avait été, elle aussi, remerciée.