LE MISANTHROPE de Molière Mise en scène Michel Belletante
ASSISTANT A LA MISE EN SCENE Carl Miclet CREATION LUMIERES ANDREA ABBATANGELO MUSIQUE ORIGINALE ET DIRECTION MUSICALE PATRICK NAJEAN SCENOGRAPHIE CLAIRE GRINGORE COSTUMES ANNE DUMONT MAQUILLAGES KATHY KUHN CREATION VIDEO BENJAMIN NESME REGIE GENERALE REMI SELLES. AVEC STEEVE BRUNET, RENAUD DEHESDIN, FORIANNE DURIN LEO FERBER, CARL MICLET, GILLES NAJEAN, PHILIPPE NESME, MARIANNE POMMIER, PIERRE TARRARE.
Spectacle créé au Théâtre du Vellein à Villefontaine Du 24 au 26 février 2015. Disponible en tournée de mars 2015 à juin 2016 Irigny (69) les 5 et 6 mars à 14h (scolaires), le 6 mars à 20h30 ; Vénissieux (69) le 13 mars ; La Ricamarie (42) le 20 mars à 14h et 20h30 ; Lyon (69) au TNG/CDN le 31 mars, 1er et 2 avril à 19h30, le 3 avril à 14h30 ;Vienne (38) le 7 avril à 14h et 20h30, le 9 avril à 20h30. La tournée se poursuivra la saison suivante notamment à Vals Les Bains (07), Seynod (74) ; Briançon (05).... Une Création Théâtre et Compagnie? en COPRODUCTION avec le THEATRE DU VELLEIN-CAPI
Théâtre et Compagnie est conventionnée avec la Drac Rhône-Alpes, la région Rhône-Alpes et le département de l'Isère. Le spectacle est soutenu par la région Rhône-Alpes dans le cadre du réseau des villes 2015
Encore un Misanthrope !!!?Castigat ridendo mores… Les Misanthrope se multiplient, depuis quelques années… je parle évidemment de la pièce de Molière, bien sûr… Il y a eu tellement de mises en scène très différentes, celles de Barrault, de Vitez, d'Engel, de Lassalle ou plus récemment encore de Sivadier et Clément Hervieu-Léger au "Français"… tellement même que le dramaturge anglais Martin Crimp s'est essayé en 2009 à en réécrire une version…et qu'un film en forme de libre variation, Alceste à bicyclette, avec Fabrice Luchini et Lambert Wilsonvient de sortir sur les écrans… " N'oublie pas qu'Alceste a un côté comique…" Ce n'est jamais tout à fait un hasard quand le désir des metteurs en scène se fixe ainsi avec insistance sur l'une des grandes pièces du répertoire. Visiblement, Le Misanthrope a des choses à dire sur et à notre époque. Le "pitch". Le Misanthrope, c'est l'histoire d'un "pétage de plomb" en direct. Un homme emmuré dans ses certitudes et miné par ses impuissances entre en guerre contre la bêtise et la vulgarité d'un monde qui l'étouffe, à l'exception, totalement incompréhensible, de celle qu'il aime… et à qui, pour mieux se l'attacher, il fait une proposition intenable et suicidaire qu'elle refuse. BOUM ! Cette pièce est pleine de fureur, de violence mais aussi de vérité, comme avec tous les monomaniaques de Molière… sans doute parce que le monde blessait tellement cet immense auteur qu'il ne lui restait que la ressource de "s'écrire" pour ne pas en mourir. Le "traitement". Nous raconterons cette histoire aujourd'hui, avec les écrans et la musique d'aujourd'hui. Il y a tellement d'exemples de gens, persuadés d'avoir raison dans leur tête et qui accomplissent des actes désespérés au milieu de la société, pour la détruire ou pour mieux exister… Et comme l'illustre auteur nous essaierons "d'instruire en divertissant", car toute tragédie humaine porte en elle son revers comique et dérisoire. On considère souvent le personnage d’Alceste comme révélateur, par son intransigeance, de la duplicité de son entourage corrompu par les plis hypocrites de la Cour, de la société en somme.Il est vrai qu’Alceste est plus audible que les autres «extravagants» de Molière, (Orgon, Monsieur Jourdain, Harpagon ou Arnolphe etc.), car il est intelligent. Et que la lucidité dont il fait preuve face à l’hypocrisie de son temps génère de la sympathie. Taciturne, sincère (?) et farouchement opposé à l’étiquette mondaine qui dénature le langage, il critique ouvertement toutes les fausses attitudes à la mode, les fausses valeurs et les faux-semblants, se présentant lui, l'incorruptible comme un parangon de vertu défendant le sens au milieu d'une société du signe futile et artificielle…Vous avez dit people ? Vous avez dit téléréalité ? Vous avez dit Facebook…? Mais, le parangon a un talon d'Achille… Sinon, comment expliquer son amour pour Célimène, mondaine, coquette et tout à fait médisante, totalement intégrée aux "vices de son temps" qu'il pourfend…? Alceste, l’Atrabilaire est amoureux d'elle, mais voudrait bien corriger ses défauts et la remettre dans le droit chemin (c’est-à-dire son chemin, celui qui éloigne de ce monde et des hommes qui le composent) ? Et cette contradiction est justement le moteur et le ressort dramatique de l'intrigue. Cette "comédie" nous peint la complexité humaine au travers de la primauté de l’amour propre : chacun lutte pour imposer sont point de vue personnel et, peu importe les moyens, pourvu qu’on ait la fin… Molière, en écrivant sa première grande pièce en vers, en 1665, a voulu, en fait, dresser le portrait de son siècle. Il s'agissait moins pour lui d'étudier le caractère du misanthrope, que de se servir de cet archétype humain comme révélateur des usages du monde. La pièce est écrite dans une langue admirable, on le sait, mais c’est chaque fois un étonnement de le vérifier. La société dans laquelle nous vivons n'a, en apparence, plus grand-chose en commun avec celle du Roi-Soleil. Mais la question posée par Molière reste brûlante : faut-il, face à une société en perpétuelle représentation et qui a perdu ou dévoyé ses valeurs, se draper dans sa hautaine solitude et se retirer, comme Alceste, ou composer avec le monde tel qu'il est, comme Philinte, son "ami", qui incarnerait alors, face à cette intransigeance, la "sagesse" du juste milieu ? Faut-il se contenter de la société du "signe" et de l'apparence de réalité ou imposer du sens dans la réalité ? En cette année dédiée à Camus comment ne pas relier cette interrogation à celle posée par l'avocat Clamence dans La Chute : "Solitaire ou solidaire ? " Avec le Misanthrope de Molière, nous partirons, une fois de plus, à la recherche de la réponse à la toujours même question que nous nous posons de spectacle en spectacle depuis plus de vingt ans : comment vivre ensemble…? Quelles sont les règles du jeu ? Celles qu’on accepte, celles qu’on nous impose. Les rôles que nous jouons envers et contre nous. La vérité de ce jeu, le jeu de la vérité... L’individu abandonné, perdu dans le monde ou asservi par lui. L’impossible de la solitude et l’impossible de cette vie de groupe.
La mise en scène d'un espace sans décors mettra en avant le jeu des comédiens et la mise en abyme du jeu social où tout le monde a des dizaines d'amis virtuels, des centaines de liens dans le monde mais si peu de relations réelles autour de soi.
Michel Belletante
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Crédits : Photos : Isabelle Fournier , Guy Delahaye , Emmanuel Orain. Charte graphique/logo, affiches des spectacles : Isabelle Fournier. Conception web : Marvox Multimédia pour Théâtre et compagnie.
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